Sous le nom d’équipe #furieusementsoeurs, Tatiana et Katia de Rombach-le-Franc ont remporté le Laponie Trophy la semaine dernière en Finlande. Un raid sportif et solidaire en duo féminin, bien givré et solidaire, auquel soixante binômes ont participé.

Anne MULLER

 

Katia (à gauche) a assuré la course à pied du trail, et Tatiana a dompté le fatbike (vélo sur neige) pour la première fois.  Photo remise

Après une quatrième place à l’Alpes Trophy en juillet 2021, elles espéraient monter sur le podium : Tatiana Neumann et sa petite sœur Katia Saulnier sont montées sur la première marche du Laponie Trophy, la semaine dernière.

« On l’a bien mérité ! » s’exclame la benjamine de 25 ans, « ce n’était pas simple, avec des concurrentes de taille, de grandes sportives qui s’entraînent en haute montagne, dans la neige ». Au total, soixante binômes de femmes, principalement françaises, ont relevé le défi, depuis le camp de base du village du père Noël, en Finlande.

Le long du cercle polaire arctique, elles ont affronté des températures de -10 °C les deux premiers jours et de -20 °C le troisième jour. « C’est un froid différent que chez nous, moins prenant, parce qu‘il est sec » rassurent les deux sœurs.

« C’était épuisant physiquement »

Elles ont d’abord dû affronter une inquiétude plus stressante : le voyage, bouleversé par la grève et l’annulation de leur TGV, qui leur a fait prendre la voiture de nuit jusqu’à Paris pour attraper leur vol vers la Finlande.

C’est lors de la première épreuve que les concurrentes rombéchates ont immédiatement creusé l’écart, avec dix minutes d’avance sur les deuxièmes. « On ne s’y attendait pas, il y avait des filles qui venaient des Alpes, habituées de la neige ». Cette première journée était consacrée à parcourir 12 km à pied ou en raquette, au choix. « On les a mises assez tôt, ça nous a permis de prendre de l’avance » : la neige était fraîche, il s’agissait d’éviter de s’enfoncer dans la poudreuse, de s’épuiser et de perdre du temps… « On a traversé un lac gelé, le paysage était splendide, et ensuite on a franchi une plateforme en pilotis dans la forêt… »

La journée la plus difficile a été le combiné trail et fatbike (un vélo à larges pneus), un parcours de près de 13 km. Elles ont décidé de rester campées chacune à son épreuve fétiche, alors qu’elles auraient pu interchanger leurs postes : le deux-roues pour Tatiana et la course à pied pour Katia. « C’était épuisant physiquement, il y a eu des chutes, aussi bien à pied qu’à vélo… C’était très glissant, il y avait de la neige fraîche, c’était très technique ».

« On aurait fini à quatre pattes s’il le fallait ! »

Mais pas question d’abandonner, « on aurait fini à quatre pattes s’il le fallait ! » s’exclame l’aînée de 29 ans, qui roulait sur neige pour la première fois « c’était une découverte, je bataillais beaucoup ! »

Le binôme rombéchat a terminé cette épreuve à la troisième place générale, mais avec peu d’écart sur les suivantes.

Un bon sauna, et la troisième journée pointe, avec des épreuves où elles ne sont pas des spécialistes non plus : le ski de fond et l’« icemad », un parcours d’obstacles (toujours dans la poudreuse) « On s’enfonçait jusqu’aux genoux dans la neige fraîche ! » Quant aux deux grandes bosses, elles ont préféré les dévaler sur… les fesses.

« Il y avait des pentes très raides, c’était très fatigant, on a bossé notre explosivité ! » s’exclame Tatiana, qui témoigne de la grande vigueur de sa sœur, « Katia a foncé à toute vitesse, mais je n’étais pas loin derrière… »

Côté ski de fond, quatre boucles de 400 m avec du dénivelé, à réaliser en relais, « c’était la partie la plus folklorique pour nous, il n’y a eu principalement que des chutes… ».

Les Rombéchates terminent à la treizième place de cette dernière épreuve, mais avec des écarts encore restreints. Avec l’addition des chronos de la totalité des épreuves, elles remportent le trophée.

« On se déchire sportivement, mais on vit un rêve, dans des endroits magnifiques ! »

Leur équipe remporte un chèque de 500 € à l’ordre de l’association qu’elles soutiennent, « Vivre comme Avant », qui aide les femmes touchées par un cancer du sein.

« On a fait de super rencontres avec les autres participantes » souligne Katia. La solidarité reste une motivation très forte pour elles, chaque équipe parrainant une association, « il y a beaucoup d’entraide, de relationnel entre les filles, on vient avec les mêmes souhaits, c’est très fédérateur. On se déchire sportivement, mais on vit un rêve, dans des endroits magnifiques ! »

« Le retour a été rude, on revient d’une folle aventure, il faut revenir au quotidien » reconnaît Katia, technicienne de recherche chez Domain Therapeutics, un laboratoire d’immuno-oncologie à Illkirch.

« Il y avait des bleus, des courbatures, mais j’étais globalement en forme. Avoir des enfants nous entraîne bien à la fatigue » constate Tatiana, responsable des ressources humaines chez Sogefi, à Orbey. Elle est maman de deux filles, Adaline et Amélia, née en juillet dernier.

« Ça nous pousse à continuer »

« J’espère qu’on sera autant suivies pour le prochain raid, nous avons eu beaucoup de messages de soutien via les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. On a eu beaucoup de remerciements, on ne s’attendait pas à avoir ces réactions-là, ça nous pousse à continuer » souligne Katia.

Cette fois, c’est le Sahara Trophy qui leur fait de l’œil. Mais en attendant, elles continuent sérieusement l’entraînement, deux à trois fois par semaine, sur les pentes du Chalmont et ailleurs, ensemble ou toutes seules.

Elles se sont inscrites à quelques trails en Alsace : la Roche des Fées, la Brézou’hard, le trail des Crêtes, avec davantage de kilomètres au compteur que d’habitude, afin de pousser un peu plus loin leurs limites.

L’article du DAN du 21 mars 2023 en .PDF

Laponie Trophy 2023 – Film de clôture

Les furieusementsoeurs Raid féminin Laponie Trophy